Que ressent la jeunesse à propos de l’Union européenne ? Est-ce que les jeunes se sentent européens avant tout ? Est-ce que l’on peut parler d’identité européenne ? Comment faire pour que les jeunes se sentent un peu plus concernés par l’Union européenne ?
Ce sont les questions auxquelles 12 jeunes, étudiants Sciences Po Strasbourg, ont cherché à répondre en réalisant le web documentaire « Génération UE ». A travers une cinquantaine d’entretiens réalisés auprès de jeunes âgés de 16 à 30 ans, ils souhaitent ouvrir un plus large débat sur le rôle de l’Union européenne et ses perspectives pour l’avenir. Ils sont nés sous l’Acte Unique Européen (1986), le Traité de Maastricht (1992) ou encore les accords de Schengen (1995). Ils ont connu l’évolution vers la monnaie unique, la disparition des frontières, le programme Erasmus. Une partie de cette jeunesse est engagée pour la cause européenne, une autre est contre ou encore complètement indifférente. L’équipe de Sciences Po Forum a essayé de dresser le portrait de l’Union européenne d’aujourd’hui, plus fragile que jamais.
Le webdocumentaire a été projeté en première à la Librairie Kléber le 31 mai, projection inscrite dans le cadre du Mois de l’Europe de la ville de Strasbourg et de la région Grand Est et suivie d’un débat, en présence de Marine De Lasalle, Professeure de sciences politiques à l’Institut d’Études Politiques de Strasbourg, de Gabriel ECKERT, Directeur de Sciences Po Strasbourg et des étudiants du projet, débat modéré par Christine Boos, journaliste France 3 Europe.
J’ai regardé avec beaucoup d’intérêt ce webdocumentaire – j’ai souris en entendant l’engouement de certains jeunes pour l’idée d’un fédéralisme européen, j’ai froncé les sourcils en entendant les eurosceptiques et j’ai quelque part souffert à cause de ceux qui ne se sentent pas concernés par le projet européen ou qui n’étaient simplement pas informés ou intéressés par ce que signifie l’Union européenne.
Ce documentaire d’une trentaine de minutes a été réalisé durant une année universitaire et je ne peux qu’imaginer le travail colossal effectué par l’équipe Sciences Po Forum.
Je veux les féliciter pour leur démarche, qui coïncide en quelque sorte avec mon projet #EUROPÉENS – nous nous sommes posé les mêmes questions finalement, concernant la présence de l’Union européenne dans notre quotidien ou encore l’identification des failles de cette construction. J’ai découvert en eux l’esprit et l’unité européenne que je cherchais tant à Strasbourg, capitale de l’Europe.
Heureusement, j’ai pu poser quelques questions à deux des membres du projet : Sarah LERCH, réalisatrice des entretiens et une des voix off dans le documentaire et Stéphane CHOPIN, gérant du projet (avec Tristan FOURAULT), sa mission consistant à assembler les différentes parties du travail de l’équipe.
Est-ce que, à votre avis, Strasbourg joue pleinement son rôle de capitale de l’Europe ?
STEPHANE : Je pense qu’elle essaye vraiment, notamment le Parlement européen, mais aussi le Conseil de l’Europe – notre institution moins connue mais qui s’intéresse aux aspects culturels mais aussi au bien-être des hommes, c’est quelque chose qui pourrait être plus développé encore, mais à Strasbourg on ressent que la ville et les institutions européennes et tout ce qui tourne autour de l’Europe essayent de faire vivre cette Europe, justement.
SARAH : Je suis d’accord avec Stéphane, j’approuve 🙂
Est-ce que vous avez l’impression que les gens de l’étranger voient vraiment Strasbourg comme la capitale de l’Europe, comme un élément indispensable à la construction européenne ?
Sarah : J’ai un ami anglais qui me parle souvent de Strasbourg, de la capitale européenne, de tout ce qu’il peut se passer à Strasbourg en relation avec l’Union européenne. Et cela m’a un peu troublé parce que, effectivement, on a un peu cette image que les Anglais sont tous eurosceptiques et finalement lui, il était hyper intéressé par l’Union européenne, par Strasbourg, il voyait vraiment la ville comme une capitale européenne.
Stéphane : J’ai été 3 mois en République Tchèque l’été dernier, à Prague, une ville magnifique, où l’Union européenne n’était pas vue de la même façon qu’à Strasbourg, mais d’un œil un peu plus distant, à la fois intéressé parce que le projet plait, mais qui fait aussi peur, qui est aussi relié à des peurs liées à l’arrivée d’immigrés par exemple, ou alors à un modèle de société qui changerait. Donc l’Europe est à mon sens pas encore totalement appréhendée dans les nouveaux Etats membres et c’est une petite différence avec les anciens Etats membres qui commencent être un peu contre l’Union européenne actuelle.
Aujourd’hui, les réussites sont plutôt nationales et les échecs sont européens.
Pourquoi pensez-vous que les français sont moins enthousiastes du projet européen que les européens des nouveaux Etats membres, comme la Roumanie ou la Croatie, la France étant de surcroit un Etat fondateur de l’UE ?
Sarah : Les français, surtout en ce moment, vivent toutes les limites de l’Union européenne : on a les migrants, le Brexit – les médias en parlent énormément en France et c’est qu’on a vu aussi dans notre documentaire : les réussites sont plutôt nationales et les échecs sont européens. Je pense que c’est surtout ça que ressentent les français en ce moment. N’empêche qu’on a quand même eu pas mal de personnes dans notre documentaire, des jeunes interviewés qui étaient pour une construction européenne.
Stéphane : Il y a sans doute un effet des discours des politiques nationaux, qui joue là-dessus et qui fait que les citoyens voyant que leurs leaders nationaux sont moins enthousiastes pour l’UE, adoptent un peu le même comportement.
Je vous encourage vivement de consulter le site Génération UE, où vous trouverez également le calendrier des projections, ainsi que leur page Facebook.