La Foire européenne, un grand projet photo (encore secret!) concernant Strasbourg ou tester des restos strasbourgeois – ce ne sont que quelques activités qui tiennent occupé en ce moment mon européen #6 : Jack Typhus, owner of Blog Kapoué.
C’est un Scorpion de 35 ans, avec ascendant en Balance (Singe selon l’horoscope chinois, signe qui lui ressemble plus, il trouve).
Il est blogger et influencer strasbourgeois (même s’il n’aime pas se définir ainsi), figurant dans des films célèbres (comme Sherlock Holmes 2 ou La Fleur du Mékong) et chargé de clientèle aux Dernières Nouvelles d’Alsace. Derrière son pseudo (un peu bizarre, n’est-ce pas?) se trouve un mec plutôt sympa et un européen convaincu.
Né à Rambouillet, en région parisienne, il a déménagé avec sa famille peut être une trentaine de fois, afin d’arriver à un moment donné à Besançon. Après l’obtention de son Bac +2, direction Strasbourg où il finira ses études (licence + maîtrise) en chimie à l’Université de Strasbourg (Louis Pasteur à l’époque). Mais à la fin de sa licence, il fait un stage qu’il trouve intéressant… pas plus. L’idée de travailler enfermé dans un laboratoire ne l’enthousiasmait pas beaucoup.
Il décide de partir en Belgique pour l’été et c’est là-bas qu’il découvre un magasin avec un concept qu’il trouve intéressant : on pouvait créer son t-shirt en choisissant des inscriptions marrantes, provocatrices même. Cette boutique s’appelait « Typhus ».
Conquis par l’idée, il retourne à Strasbourg et décide d’ouvrir son propre magasin « Typhus ». Il trouve un grand local rue des Pucelles et lance sa boutique. Après deux ans et demi, une suite d’obstacles d’ordre plutôt administratif le force à fermer ce coin de créativité.
Finalement, il regrette plutôt d’avoir arrêté sa boutique que d’avoir arrêté la chimie.
Comment es-tu devenu blogueur alors ?
Après avoir eu la boutique, j’ai commencé à m’intéresser un peu aux réseaux sociaux, notamment à Twitter, qui était à ses débuts. Je travaillais à l’époque dans une société à Haguenau qui vendait du carton industriel. Je m’ennuyais beaucoup, j’avoue. Un jour, j’ai mis un tweet en ligne : Aujourd’hui il neige. Dommage, il neige pas assez pour ne pas aller travailler. Un journaliste DNA avait fait un article sur les gens qui utilisent Twitter à Haguenau et avait inséré dans son article mon tweet. Mon patron, qui lisait DNA, est venu me voir et m’a demandé si c’est moi dans le papier. Et c’est ainsi qu’a commencé mon aventure virtuelle.
https://www.instagram.com/p/BAz_35Ph8y0/?taken-by=jacktyphus
Mes potes m’appelaient Jack et voici comment est apparu Jack Typhus (sans corrélation avec mon ancienne boutique). Je n’avais même pas de photo de profil, c’était un avatar, un dessin. C’était un peu pour garder l’anonymat. En plus c’était un pseudonyme un peu provocateur, car c’est le nom de la maladie. Ça me permettait qu’il n’y ait pas de traces sur internet avec mon nom est prénom.
Déjà aux DNA, j’ai ouvert mon blog six mois après, en décembre 2010. J’ai lâché un peu, j’ai mis des photos de moi, pour personnaliser un peu mon blog. Enfin, il y a rien de sulfureux, je parle de Strasbourg, de restos, etc. Je fais aussi des castings, j’ai des tournages. En rigolant, j’ai fait 3 castings pour Sherlock Holmes 2 et j’ai été pris (de cette taille-là, je n’en ai jamais fait).
J’aurais bien aimé être acteur mais plus je vieilli, plus j’aimerais être réalisateur (d’ailleurs, j’ai toujours un GoPro sur moi). J’aime bien le cinéma donc, après Sherlock Holmes je suis resté dans le circuit. Je suis comme un enfant, j’aime bien me déguiser.
Je suis comme un enfant, j’aime bien me déguiser.
Tu n’as pas pensé à faire des vlogs sur YouTube ?
Le temps qu’il faut pour réaliser un montage me bloque, sinon se filmer dire des conneries c’est simple ! Je n’ai pas d’équipe technique pour le faire, ça c’est une contrainte. Des fois, j’essaie de faire à l’année un ou deux projets vidéo. D’ailleurs, je suis en train de préparer un projet photo avec un photographe, avec Strasbourg comme sujet.
Je pense que, au niveau d’influence et de ce qui marche bien, il y a eu la période blog, période YouTube et là maintenant on est sur les vidéos live (ce qui est possible à présent même sur YouTube). J’ai fait du Periscope pendant certains événements et ça a bien marché.
Nous nous sommes rencontrés pour la première partie de cet entretien le jour suivant le Brexit et, bien évidemment, on est vite passé à ce sujet:
Ton sentiment ce matin ?
Je suis déçu, j’étais persuadé qu’ils allaient voter contre. C’était un mauvais calcul, apparemment ce sont les vieux, les gens qui habitent à la campagne qui ont voté pour le Brexit. Ce sont ceux qui ont peur de changement, de ce qui est différent. Le problème qui se pose c’est que dans les prochaines années ils vont beaucoup perdre, surtout car depuis que le Royaume-Unis est dans l’Union européenne, la croissance n’a jamais été aussi forte.
D’ailleurs, je me suis dit que je devrais partir bientôt à Londres, car la livre sterling est bonne. Et ça serait un bon moment aussi d’aller aux Etats-Unis en novembre, durant les élections, car le dollar sera en baisse… 🙂
Qu’est-ce que ça signifie pour toi d’être européen ?
C’est un peu bizarre parce que j’aurais du mal à ne pas l’être. Mes parents m’ont toujours élevé dans une idée d’ouverture vers l’extérieur. Je suis français, ok, mais juste dans une plus grande famille. Ça m’embête un peu car les gens ont tendance à se replier sur eux-mêmes. Tu prends une ville comme Strasbourg : la richesse de cette ville se situe sur le côté cosmopolite. Qu’est-ce que serait Strasbourg si elle serait refermée sur elle-même ? Ça ne vaudrait rien. Quand tu vas à l’étranger, tu es un européen, tu n’es pas un français. Pour les américains, tu es européen avant tout. Moi j’habite en Alsace, quelqu’un d’autre habite à Bruxelles, mais nous sommes tous les deux européens.
Bien évidemment, il y a des décisions au niveau de l’Union européenne qui ne sont pas au goût de tout le monde ou des choses qui devraient être harmonisées : la politique agricole n’est pas adaptée à tous les Etats membre, en Allemagne on travaille pour 3€/h, alors que en France on a le SMIC, etc.
La richesse de Strasbourg se situe sur le côté cosmopolite. Qu’est-ce que serait cette ville si elle serait refermée sur elle-même ?
Mais il y a aussi le sport, par exemple : on tient toujours avec les équipes et les sportifs européens durant les compétitions ! Et puis, c’est vrai que moi, quand j’avais ma société, je payais beaucoup d’impôts, c’était assez dur. Mais après je montais à vélo et je traversais le Rhin pour aller me promener en Allemagne. Puis, mon meilleur ami faisait ses études en Belgique, ma meilleure amie vient de Turquie et c’est là que je me suis rendu compte de toute la beauté de l’Europe.
J’aime bien l’idée de l’union, de la solidarité. Après, il faut quand-même rester ouvert sur le monde.
Ta première interaction avec l’Europe ?
Déjà, dans ma famille, l’Europe c’était quelque chose de positif, que ce soit au niveau politique, social ou économique. Quand j’étais plus jeune, je faisais partie d’un club de jumelage. On est partis une fois en Angleterre. Après on est parti en Allemagne. Pour moi c’était le voyage du siècle ! Puis, quand j’avais 17 ans on est parti en Hongrie pour un voyage scolaire de deux semaines. C’était souvent par-là que ça poussait à s’ouvrir à l’époque, car ce n’était pas une chose banale, comme aujourd’hui.
Comment vois-tu l’avenir de l’Europe ?
Depuis ce matin c’est un petit peu compliqué, j’ai peur que ça fasse une brèche, qu’il y en aurait d’autres qui vont tenter le coup. Il vaut mieux régler le problème entre nous. On ne sera jamais une Europe fédérale et lisse, à peu près comme les Etats-Unis, il y a encore trop de différences culturelles, religieuses, historiques. Mais, au contraire, je pense que ça pourrait être intéressant que chacun garde ses spécificités (gastronomie, culture, etc.) et de rester unis en même temps. Surtout car nous avons de la concurrence : il ne faut pas oublier que l’Afrique ne s’est pas réveillée encore. Ils ont tout un développement, une marge de progression énorme, les ressources nécessaires…
Je pense que les pays européens doivent rester solidaires face à la crise migratoire.
Tu penses que Strasbourg, capitale de l’Europe, a un rôle à jouer dans la préservation de cette unité ?
Les sessions plénières au Parlement européen ainsi que les autres institutions européennes présentes à Strasbourg donnent un côté politique tant nécessaire, même si c’est vrai que Bruxelles commence à tirer un petit peu la corde pour que tout reste chez elle. Moi, en tant que strasbourgeois, je préférerais que ça reste à Strasbourg, parce que c’est aussi important pour notre ville. Je pense que de la géographie, de l’histoire, etc. Strasbourg a un rôle vraiment important dans l’histoire de l’Europe. Mais je crois aussi que, au bout d’un moment, il y aura des choix définitifs à faire entre Strasbourg et Bruxelles. Enfin, choisir c’est repenser. Après, ça pourrait être bien Bruxelles – Strasbourg, une espèce de mégalopole, un axe de décisions (on n’est pas très loin géographiquement, en plus) avec des antennes à Rome, Paris, Madrid, etc.
Je sais, je suis un peu utopique dessus. Mais comme les extrêmes remontent (les élections en Autriche, le Brexit…), on est mal barré dans ce sens-là…
Comment vois-tu la crise migratoire ? Quelle serait, à ton avis, l’attitude correcte des européens face à cette crise ?
Honnêtement, ça me fait beaucoup de peine, c’est extrêmement difficile à gérer. Il faudrait, dans l’idéal, savoir accueillir et protéger les migrants, les accompagner et les aider à repartir quand ils seront prêts et leurs pays stabilisés. Ça m’écœure quand je vois, dans certains pays, le business qui se fait sur le dos des migrants (comme la vente de gilets de sauvetage sur la côte, etc.)… Toutefois, je pense que les pays européens doivent rester solidaires face à la crise migratoire.
Je reste persuadé du côté multiculturel de Strasbourg, c’est sans doute sa plus grande force.
La communauté strasbourgeoise est-elle suffisamment ouverte envers les étrangers (européens ou non) à ton avis?
Dans Strasbourg centre, sans aucun doute. C’est surement plus difficile dans certains villages du fin fond de l’Alsace… Je reste persuadé du côté multiculturel de Strasbourg, c’est sans doute sa plus grande force.
Penses-tu que les valeurs européennes sont suffisamment promues et encouragées à Strasbourg ?
Je n’ai pas la capacité de savoir la globalité des choses qui sont faites dans ce sens, mais j’ai l’utopie de penser que oui. Je pense que la ville de Strasbourg encourage au mieux ces valeurs notamment via son monde associatif, assez actif.
https://www.instagram.com/p/mHzHCbh88U/?taken-by=jacktyphus
Je vois dans cet entretien avec Jack une radiographie de l’Europe d’aujourd’hui. En fin de compte, c’est à nous, les jeunes, de préserver les idéaux et les valeurs européennes afin de prendre soin de notre propre futur.
Comme disait Jack, Strasbourg est une ville extraordinaire qui doit beaucoup à son côté cosmopolite et multiculturel. Alors, pour des infos sur les nombreux super événements qui ont lieu à Strasbourg, rendez-vous sur le Blog Kapoué !
He has such a cool laid back style!
https://shesjustlikeheaven.wordpress.com/